Découvrir le Château de Ranrouët

Plan du Château de Ranrouët

Découvrez les différentes parties du Château de Ranrouët.

Une barbacane est un ouvrage défensif avancé, placé en avant de portes ou d’organes de passage tels que les ponts.

La vulnérabilité des accès des châteaux, mais aussi des entrées des enceintes urbaines médiévales, a conduit, entre l’an Mil et le XVIe siècle, au renforcement des fortifications par des barbacanes, véritable filtres d’accès aux fortifications. La majorité de ces ouvrages adopte un plan semi-circulaire, mais parfois un profil rectangulaire ou polygonal. Les accès sont stratégiquement désaxés par rapport au site que la barbacane protège.

Le nombre de châteaux médiévaux qui conservent leur barbacane se compte à présent sur les doigts des deux mains :

  • Auxonne,
  • Blaye,
  • Bonaguil,
  • Pouancé,
  • Présilly,
  • Sillé-le-Guillaume,
  • Beynes.

Il faut y ajouter le Château de Ranrouët.

Dans le cadre de fortifications naturellement protégées – et tel est le cas de Ranrouët –, le dispositif défensif était parfois complété d’un retranchement en terre dressé en avant de l’enceinte principale, pour les protéger et en barrer l’accès.

La première barbacane, sans doute de plan rectangulaire, voit le jour dans le cadre des reconstructions conduites par Guy de Rochefort au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, une période pendant laquelle sont également creusées les douves du château.

La barbacane primitive est remodelée au XVIe siècle, sûrement dans le cadre des grands travaux commandés par Jean IV de Rieux. Le châtelain en aurait remanié le plan initial suivant le modèle semi-circulaire du fort de Salces dans les Pyrénées.

L’accès de la barbacane de Ranrouët est contrôlé par un pont-levis qui conforte sa fonction défensive première.

Les "bastions" ou enceintes bastionnées sont des éléments de fortifications qui enserrent un ouvrage. Ils sont généralement constitués d’un talus de terre adossé à un mur de pierre, l’escarpe. Le talus constitue une plate-forme, la banquette, où sont placées les pièces d’artillerie.

Le Château de Ranrouët est entouré d’un réseau de douze pointes rayonnantes. Sur chacune des pointes, on pouvait disposer un canon qui permettait de faire des tirs croisés. En contrebas de l’escarpe, se trouvait un second fossé alimenté en eau.

À la fin du XVIe siècle, pendant les Guerres de Religions, le Château de Ranrouët est à nouveau fortifié et ce réseau de bastions est mis en place autour du boulevard. C’est sous l’impulsion du Duc de Mercoeur, qui dirige la Ligue catholique en Bretagne, que vont être menés ces travaux afin de faire de Ranrouët un point d’appui contre les protestants.

Aujourd’hui, un travail de dessouchage est entrepris afin de leur redonner leur aspect d'origine. Il est conduit par Les Amis de Ranrouët qui encadrent des chantiers de bénévoles et sous l'autorité d'un architecte du patrimoine et de l'architecte des bâtiments de France.

Les besants sont les boules de pierres visibles sur trois tours du château (tour nord, tour est et tour sud-est).

Ils représentent le blason de la famille de Rieux. Dans le vocabulaire de l’héraldique, des cercles d'or ou d'argent (jaune ou gris) sur un blason sont appelés des besants. Il s'agit à l’origine de pièces de monnaie byzantine. Leur présence sur un blason signifiait une participation aux croisades.

Les murs reliant deux tours se nomment courtines. Leur épaisseur a varié en fonction des époques, notamment pour mieux résister à l’artillerie.

Au XIIIe siècle, les courtines étaient surmontées par un réseau de créneaux et de merlons derrière lesquels courrait un chemin de ronde. Cet ensemble était parfois complété par des hourds, constructions en bois permettant de jeter des projectiles au pied des murs. Au XIVe siècle, les hourds sont remplacés par des constructions en pierre intégrées à l’architecture, les mâchicoulis. Ces parties ont disparu lors du démantèlement du château ordonné en 1619.

Du côté intérieur, côté cour, on trouvait adossées aux courtines diverses constructions en bois.

 

Le châtelet d'entrée du château est précédé par la barbacane qui en assure la défense. L’accès de la barbacane à cette entrée est un pont fixe ou dormant.

La façade garde la trace du pont-levis. Le trou vertical signale l’emplacement de la flèche, poutre de bois servant à monter et descendre le pont.

La porte du château était très petite, afin de mieux contrôler l’entrée et d’empêcher un passage en force de l’ennemi. Il n’y a donc ni chevaux, ni chariots qui pénètraient dans la cour. La porte était uniquement piétonnière. Une seule flèche suffisait donc pour lever le pont-levis.

À son extrémité, deux chaînes retenues par un anneau de fer agrippaient de part et d'autre le tablier et l'actionnaient. Relevé, l'étroit tablier du pont s'encastrait parfaitement dans la feuillure en forme de langue visible au-dessus de la porte.

Cette dernière est surmontée d’un arc de décharge qui soutient le poids des pierres du châtelet.

Les douves sont de larges et profonds fossés remplis d’eau qui ceinturent une structure et créent un obstacle.

Celles du Château de Ranrouët ont été creusées dans la seconde moitié du XIVe siècle dans l’effort de refortification qu’apporta Guy de Rochefort au château. Avec la terre des douves, il enserra le château d’un bourrelet défensif que l’on appelle boulevard.

Aujourd'hui, le boulevard est une promenade qui permet de circuler autour du Château de Ranrouët.

Le but de Guy de Rochefort était de repousser au maximum l’ennemi en créant des obstacles, d’autant plus que l’artillerie a fait son apparition au début du XIVe siècle pendant la Guerre de Cent Ans.

Le mot « boulevard » vient du flamant «  bollwerk » qui désigne des ouvrages de terres couronnés d’enceinte de charpenterie placés au-devant de murailles (pour éviter les réparations). Mais la langue française a utilisé le terme de façon générique l’étendant à tout ouvrage placé au-devant d’une enceinte.

Les douves étaient alimentées en eau par un système de canalisation souterraine depuis l’étang de retenue situé au nord-ouest du château, certainement créé pour l’occasion. Les fouilles du bastion 12, au nord-est du château, ont permis d'en révéler l'existence. Un système de vannes, situé dans la partie est du château, permettait d’évacuer le trop plein d’eau dans les marais à l’arrière du site. L'eau n'est donc pas stagnante dans les douves mais y circule. L'étang a été asséché au cours du XIXe siècle, les douves ne sont donc plus alimentées en eau. Cependant, dans une région marécageuse, l'eau n'est jamais loin et elle est présente dans les douves une bonne partie de l’année.

En architecture, un corps de logis est un bâtiment principal ou central. Elément majeur du Château de Ranrouët, il a malheureusement en grande partie disparu.

Ce corps de logis a été construit par Jean IV de Rieux au début du XVIe siècle, peut-être suite à une donation de cent mille écus par Anne de Bretagne. On dit que c'est l’œuvre majeure  menée par ce personnage dans le Château de Ranrouët.

Il ressemblait à celui du château de Josselin, édifié par le grand rival de Jean IV, Jean II de Rohan, à la même période. Il mêle un style entre la fin du gothique flamboyant et le début de la Renaissance.

Jean IV avait fait les guerres d’Italie avec le roi de France Charles VIII. L'hypothèse est qu'il aurait transposé ce qui se faisait en architecture en important des modèles dans son château.

Le corps de logis était luxueux, il témoigne d’une volonté de confort que Jean IV voulait donner au Château de Ranrouët.

Il avait une forme de L, allant de la tour est à la tour sud-ouest jusqu’à la courtine sud.

Dans la partie du bâtiment adossée à la courtine ouest :

  • Le premier niveau tient lieu de grande cuisine. Le sol d’origine, pavé avec une rigole permettait l’évacuation des eaux usées en rejoignant l'égout qui traverse la tour est. Cette cuisine possède une vaste cheminée qui permettait de cuire de grosses pièces de viande.
  • Le second niveau est ce que l’on appelle la pièce d’apparat. Pièce à tout faire, elle permettait de recevoir, dresser des banquets, rendre la justice ... Elle possède aussi une très belle cheminée et des fenêtres à coussiège, fenêtres avec des bancs de pierre, dont l’une subsiste.

 

 

Pour desservir ces pièces, Jean IV a fait construire un escalier monumental à palier, ou escalier à l’italienne, qui rompt avec les escaliers à vis médiévaux. Pour ce faire, il a détruit la tour du XIIIe siècle qui était le pendant de la tour est et a reconstruit une tour derrière. Seul demeurent aujourd'hui les vestiges de la cage d’escalier et la première marche.

Tous ces éléments attestent d’une construction très moderne et luxueuse pour son époque.

Cette tour est assurément l’une des plus remarquables du château puisqu'elle est la seule qui conserve un étage matérialisé par une remarquable voûte de pierre. Elle présente deux parties construites à des périodes distinctes.

La partie basse a été édifiée au début du XVIe siècle, lors de la grande phase de reconstruction du château par Jean IV de Rieux. Le premier niveau présente une casemate où sont disposées sur un plan polygonal cinq grosses canonnières.  Il s'agit d'une chambre d’artillerie. Le tout est surmonté d’une voûte de pierre.

La partie haute de la tour, quant à elle, date du début du XVIIe siècle. Elle fait partie de la phase de reconstruction du château amorcée par Jean IX et supposée achevée par son fils Jean-Emmanuel de Rieux après le démantèlement du château. Elle comprend également une très belle cheminée et des latrines.

 

 

 

La face extérieure de la tour laisse apercevoir ces deux phases de constructions, les trous de boulins (trous d’échafaudage) ne se présentent que sur la moitié inférieure et l’appareillage est différent sur la partie haute.

Cette tour porte sur sa face des besants.

La tour est est l’une des plus anciennes du château. Elle date de l’enceinte du XIIIe siècle. Son diamètre assez petit et ses murs très épais donnent une idée de l’aspect qu’avait le Château de Ranrouët sous sa forme originelle.

Elle possède deux archères orientées vers la base des courtines. Une troisième a été modifiée en canonnière. Ces archères hautes et étroites sont de type philippien, c'est-à-dire sur le modèle de celles des châteaux de Philippe Auguste, et montrent une influence du pouvoir royal français.

Les archers possédaient de grands arcs ou des arbalètes. Ils se positionnaient devant ces ouvertures et tiraient sur l’ennemi qui passait dans le champ de vision. En revanche, l’ennemi, lui, ne pouvait atteindre le défenseur du fait de l'étroitesse des ouvertures.

Cette tour possède, tout comme la tour nord et sud-ouest, des besants sur sa face extérieure.