L’histoire du château

Du XIIe siècle à aujourd'hui

• L'implantation sur le site

  

  Le Château de Ranrouët est situé à deux kilomètres à l’est d’Herbignac et paraît plutôt isolé. Contrairement à certains châteaux-forts, aucun habitat n’est venu s’agglomérer autour d’un cadre plutôt sauvage et inhospitalier en bordure des marais de Brière.

  Le Château de Ranrouët domine un promontoire (cap élevé au-dessus de la mer) entouré de marais, offrant une défense naturelle sur trois côtés. Au Moyen Âge, un étang artificiel fut créé pour alimenter les douves et servir de ressource économique. Son développement s’explique aussi par la proximité de grands axes routiers liés au commerce du sel, ressource précieuse de la région, que le château pouvait surveiller.

• Un château primitif

  Le premier château édifié sur le site de Ranrouët au début du XIIe siècle fut ce que l’on appelle un château à motte (ou motte castrale). Celui-ci a été construit par les seigneurs d’Assérac.

  Dans le modèle de château à motte, l’ensemble circulaire était constitué de deux parties :

  • La haute-cour : une tour érigée sur une motte de terre, protégée par une palissade.
  • En contrebas, se trouvait la basse-cour, elle aussi entourée d’une palissade et d’un fossé. Elle abritait les habitats et les dépendances.

  Dans ce système de défense passive, la multiplication des obstacles (palissades, fossés) assurait la protection. »

• Le château-fort du XIIIe siècle

  Au XIIIᵉ siècle, Alain d’Assérac fit construire à Ranrouët un premier château en pierre, composé de six tours reliées par des courtines et accessible par un châtelet à l’ouest. De type château-cour, il ne possédait pas de donjon. Les éléments défensifs — créneaux, merlons, hourds puis mâchicoulis — étaient conçus pour rendre la forteresse imprenable. Avec le temps, le site évolua : ajout de barbacane, douves, bastions et reconstruction de plusieurs tours.

  Aujourd’hui, seules quelques traces du XIIIᵉ siècle subsistent, comme les archères de la tour est, dont l’une a été transformée en canonnière.

• Un aménagement des Rochefort et des Rieux

  Les remaniements des Rochefort et des Rieux

  

  À la fin du XIIIᵉ siècle, la seigneurie de Ranrouët passa aux mains des seigneurs de Rochefort. Dans la seconde moitié du XIVᵉ siècle, Guy de Rochefort entreprit d’importants travaux pour renforcer le château. Deux raisons les motivèrent : la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364), qui raviva les tensions entre seigneurs, et l’apparition du canon, qui imposa d’adapter les fortifications. Il fit creuser des douves alimentées par l’étang voisin, édifier un boulevard défensif, réaménager l’accès avec un nouveau pont-levis et un couloir étroit, et construire une première barbacane. Ces aménagements visaient à multiplier les obstacles pour contrer la puissance de l’artillerie.

  Les aménagements du XVIe siècle

  À la mort de Guy de Rochefort, la seigneurie passa à la famille de Rieux par mariage. Jean IV de Rieux (1447-1518), maréchal de Bretagne et tuteur d’Anne de Bretagne, hérita de Ranrouët en 1478. Grâce à une donation de cent mille écus d’Anne, il transforma la forteresse médiévale en résidence seigneuriale plus confortable. Il fit bâtir un corps de logis adossé à la courtine est, avec grandes cuisines et salle d’apparat, accessible par un escalier à l’italienne, rare en France à l’époque. Il fit aussi édifier la partie basse de la tour nord avec canonnières, remania la barbacane en forme semi-circulaire et orna plusieurs tours des armes de la famille de Rieux. Ces travaux, réalisés au début du XVIᵉ siècle, marquent profondément l’histoire du château.

• De la fin du XVIe siècle à aujourd’hui

  Les Guerres de Religions, la Ligue Catholique et le démantèlement

  À la fin du XVIᵉ siècle, les Guerres de Religions opposent catholiques et protestants en France. En Bretagne, le duc de Mercœur, gouverneur de la région, dirige la Ligue Catholique et engage d’importants travaux de fortification.

  Le Château de Ranrouët est alors modernisé : une enceinte bastionnée de douze fortifications triangulaires, appelée « les bastions », est construite pour protéger le château des tirs d’artillerie et positionner des canons. Un second réseau de douves complète ce dispositif défensif.

  Après l’Edit de Nantes en 1598, la présence militaire à Ranrouët reste problématique pour les habitants d’Herbignac. Plusieurs requêtes aboutissent finalement au démantèlement du château, ordonné par Louis XIII en 1618 et enregistré en 1619. Les fortifications, créneaux et chemins de ronde sont alors détruits, et les habitants emportent les pierres comme salaire de ce travail.

  Il passe entre les mains de plusieurs familles jusqu’à être abandonné pendant la Révolution en 1794. Il est pillé et incendié, puis sert de carrière de pierres aux habitants d’Herbignac, marquant sa deuxième grande phase de destruction.

  Le château aujourd’hui

  

  Le château fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1925 mais il a fallu attendre les années 1970 pour que l’association Les Amis du Château de Ranrouët, groupes de bénévoles, s’occupe à nouveau du château et le mette en valeur.

  • En 1989, le château fut acheté par le Conseil Départemental de Loire-Atlantique et fut donné en gestion à la commune d’Herbignac. Depuis 2008, Cap Atlantique La Baule Guérande Agglo gère le site.